jeudi 5 juin 2008

Le flash















En face du petit raidillon, la porte cochère d’une ancienne ferme dans laquelle j’avais manqué d’être partenaire d’un projet pour un logement groupé. La porte rouge et blanc, en cet instant matinal, semble avaler la route. 
La route est langue de cette bouche.
Une amie habite le corps du logis, longtemps nous avons partagé profondément, parfois nous faisions des ballades comme frère et sœur. Nous partagions des rêves. Une foi profonde nous, était commune.
Depuis quelques temps, ce n’est plus la même chose, un espace s’est installé entre nous. Dommage, cette distance se marque de plus en plus mais qu’y faire, nos chemins longtemps parallèles s’écartent de plus en plus.

La porte striée,rouge et blanc apparaît entière dans toute sa fraîcheur, c’est un beau spectacle, elle est comme une bouche immense qui n’avale plus les chars remplis de paille, de foin, elle est devenue un habitat groupé, seul les piétons la traversent.

Une confidence de cette amie me traverse l’esprit. « Elle est enfermée dans une pièce noire, elle hurle de peur, d’angoisse. » C’est une punition de sa mère quand elle était enfant. Celle-ci la rejette, elle a trois quatre ans.

Qu’une mère soit dans un tel état me trouble à nouveau.
Une hypothèse me traverse. Et si au lieu d’y voir sa fille, elle y voyait, sa jumelle perdue, dans une identification fantasmatique.
Un peu comme ma peur à moi, de toucher mes enfants bébés, les bébés de mes frères et sœurs.
Peur d'approcher mes sensations de survivant, les sensations du stress intra-utérin.
Stress qui a tout a fait disparu et que je n’ai pas ressenti avec  mon dernier petit fils.

Si sa mère était une jumelle survivante, projetant sur sa fille, ce qu’elle a vécu dans le ventre de sa mère. Le rejet de l’être en train de mourir, celui dont il faut s’éloigner absolument pour ne pas être entraîner avec lui, celui qu’il faut garder à distance.

Sensation incontrôlable par la raison car viscérale, engrammée à tout jamais dans son corps.
Le danger ultime, il faut s’en protéger, il faut fuir l’évanescence, la maladie et la mort de l’être à coté.

Télescopage du temps. Sensation hors d’une structure du temps.
Pourquoi cette pensée me traverse-t-elle ? Pourrait-elle l’entendre et être délivrée de ce poids sur lequel elle ne sait mettre des mots.
Mystère une fois encore. Hypothèse toujours.

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