jeudi 23 avril 2009

Les vidéos



Il est des seuils qu’il faut passer pour entrer dans d’autres mondes.
Cette voix était apparue dans mon champ d’audition, depuis plus d’un an. Inconnue apparemment ou ignorée car elle ne n’avait jamais touchée comme elle le faisait maintenant.
J’avais sans doute franchi un seuil et ce pas me conduisait à cette perception, à cet éveil frémissant dès que je reconnaissais le timbre de cette voix, ses chants.
Depuis, j’avais déjà acheté plusieurs de ses disques. Ces onomatopées qu’elle allait chercher dans le vendre à hauteur des chakras du bas me faisait résonner.
Elle disait ce que les mots ne pouvaient dire, elle parlait d’une expérience profonde, ancienne qui avait du être la mienne.
Elle exprimait des moments indicibles, moments ou l’autre quittait, avait quitté son champ de perception pour s’en aller ailleurs.

Ses vocalises cherchaient, recherchaient ce moment bien particulier, cette souffrance teintée d’une vibration typique que seul pouvaient ressentir ceux qui avaient parcouru le même chemin. Un sacrifice avait eu lieu.
Le nom de cette chanson triste en témoignait « Sacrifice ».
L’un avait été immolé par la nature, par le médecin peut-être, laissant l’autre hébété, marqué à vie.
Titre confirmant la nature même et l’expression de la sensation ressentie déjà auditivement.
Deux versions étaient présentes sur Dailymotion.
L’une classique de l’artiste devant son public, coté concert,
L’autre découverte cette semaine, émouvante,coté création images
Un artiste avait associé une vidéo venant d’un autre contexte. C’était l’histoire de deux personnages parcourant l’espace marin dans un balais joyeux, jusqu’au moment ou l’un perdait son apparence humaine. La séquence finale se terminait par l’émergence de l’un ; seul.
Le drame était accompli, la vie s’ouvrait au survivant.
Les histoires, sonore et visuelle, se confondaient, convergeaient.
Image et son, s’imbriquaient dans une narration rendant ce chant funèbre explicite. L’oeuvre exprimait ma pensée, mon intuition.
Cet artiste connaissait l’indicible, il l’exprimait.
Il racontait paer video, parallèlement à la musique vocale, l’histoire d’un milieu utérin où des jumeaux se séparaient. Un seul retrouvait la surface et naissait au monde aérien.
Artiste Conscient, Inconscient ? Le mystère restait définitivement?

lundi 13 avril 2009

La visite









Alors que je notais une information provenant de l’affiche nouvellement installée sur la porte cochère, le couple s’était approché discrètement.Après un bref salut, la dame me demanda
»Vous venez aussi pour la visite ?»
« Non,c’est moi qui fait faire la visite de la salle de fêtes »
« Nous attendons des amis. Ils vont arriver ».

Un ton léger, une atmosphère particulière sous le soleil printanier ouvrait une parenthèse technique. Elle parlait plus que lui. Leur accent anglais était net et agréable à entendre. Ils aimaient l’endroit, le bâtiment ancien, délabré dans la cour duquel était la salle de fêtes.

Elle était légère, enjouée, admirative de l’atmosphère particulière du lieu.
Alors que je rejoue, dans cette insomnie le film de la rencontre, cette légèreté, cet échange sans obstacle, j’y trouve l’impression d’une vieille amitié, des retrouvailles presque. La partie technique avait disparu, il me restait le ressenti.

La communication était verbale, visuelle mais surtout sensitive.
C’était un peu comme avec la dame sur le train. Un sentiment de bien être latent, présent, envahissant. Une joie peu banale présidait, loin des moments formels des autres visites.
Ici, on s’était vu, on s’était parlé. J’ignorais son nom, son prénom. Je n’avais ni noté sa couleur de cheveux, ni celle de ses yeux.

J’avais ressenti sa présence, coté gauche surtout, presque chaque fois, comme une bénédiction,une effervescence joyeuse, bénéfique.

Il y avait de la magie, de la résonance dans l’air.

Une demi-heure après la visite, elle était revenue montrer les lieux à son fils, rapidement, juste pour voir, juste pour revoir.En confidence.
Légèreté, douceur, résonance. « C’était une rencontre du troisième type »
Appartenait-elle aux survivants. ?

J’en étais persuadé, elle en était. La fugacité du moment, sa profondeur,son atmosphère, oui, Elle en était.

vendredi 10 avril 2009

Le massage

A peine installé avec son épouse, sur le divan, il sollicitât mon attention pour me parler de sa séance de massage Ayurveda, et me dit « Quand elle a mis sa main sur mon ventre, elle m’a dit : « Vous avez eu une soeur jumelle dans l’utérus de votre mère et elle a disparu. » Puis un peu plus tard, elle avait ajouté « Pensez-vous à un nom pour celle-ci? » Le prénom de sa fille avait jailli sans hésitation. Puis elle lui avait proposé de faire une visualisation d’un chemin s’ouvrant en Y que chacun prendrait l’un à gauche, l’autre à droite pour la séparation.
Pendant celle-ci, un poids avait disparu, lui semblait-il alors que la masseuse occupée lui tournait le dos. En se rapprochant, simultanément, elle lui avait dit,
« Voilà, elle vient de partir. »
Tout était dit. Sans préparation, sans approche lente ; ex-abrupto.
Il avait plaisir de me le dire car cela lui rappelait notre conversation autour d’une crêpe quelques semaines plus tôt. Ne lui avais-je pas émis suite à mon intuition avec prudence qu’il pourrait être lui aussi dans la peine de la perte d’une jumelle in utero.
De deux directions différentes, deux personnes lui apportaient un regard sur ce qu’il laissait percevoir, sur ce qui était peut-être la cause des difficultés d’existence qu’il rencontrait depuis des mois, à cause de son burn-out.

Après l’avoir perdu de vue pendant quatre ans, nous nous étions revus à une fête. Nous étions à nouveau proche, simplement à cause d’une réflexion sur notre chef commun avant qu’il ne quitte la société.
Il m’avait alors dit, « Il faut que l’on mange ensemble ».
Depuis six semaines, nous avions repris contact, marché deux fois ensemble. Discuté, échangé des hypothèses puis décidé d’y faire participer les épouses.
Il était épuisé moralement et consultait à gauche et à droite pour trouver ce qui mettait son énergie à zéro.
Son désir de trouver la cause de ses maux, ses démarches nombreuses pour s’expliquer, se retrouver, retrouver sa source d’énergie, m’avaient poussés à lui poser l’hypothèse qu’il avait à peine entendue car il était persuadé d’avoir trouve une explication à son mal être.
La séance de massage semblait lui avoir ouvert un autre horizon.
Après quelques séances de réflexologie plantaire, la consultation d’un psychologue, d’un psychanalyste, après avoir fait de la psychophanie puis ce massage recommandé par sa nouvelle professeur de yoga, il avait évoqué ce qui était possible.Il marchait a vive allure dans le déblayage des tensions qui remplissait son corps.
Sans doute y avait-il urgence, il devait récupérer sa forme pour reprendre le travail, son avenir était en jeu..