lundi 13 avril 2009

La visite









Alors que je notais une information provenant de l’affiche nouvellement installée sur la porte cochère, le couple s’était approché discrètement.Après un bref salut, la dame me demanda
»Vous venez aussi pour la visite ?»
« Non,c’est moi qui fait faire la visite de la salle de fêtes »
« Nous attendons des amis. Ils vont arriver ».

Un ton léger, une atmosphère particulière sous le soleil printanier ouvrait une parenthèse technique. Elle parlait plus que lui. Leur accent anglais était net et agréable à entendre. Ils aimaient l’endroit, le bâtiment ancien, délabré dans la cour duquel était la salle de fêtes.

Elle était légère, enjouée, admirative de l’atmosphère particulière du lieu.
Alors que je rejoue, dans cette insomnie le film de la rencontre, cette légèreté, cet échange sans obstacle, j’y trouve l’impression d’une vieille amitié, des retrouvailles presque. La partie technique avait disparu, il me restait le ressenti.

La communication était verbale, visuelle mais surtout sensitive.
C’était un peu comme avec la dame sur le train. Un sentiment de bien être latent, présent, envahissant. Une joie peu banale présidait, loin des moments formels des autres visites.
Ici, on s’était vu, on s’était parlé. J’ignorais son nom, son prénom. Je n’avais ni noté sa couleur de cheveux, ni celle de ses yeux.

J’avais ressenti sa présence, coté gauche surtout, presque chaque fois, comme une bénédiction,une effervescence joyeuse, bénéfique.

Il y avait de la magie, de la résonance dans l’air.

Une demi-heure après la visite, elle était revenue montrer les lieux à son fils, rapidement, juste pour voir, juste pour revoir.En confidence.
Légèreté, douceur, résonance. « C’était une rencontre du troisième type »
Appartenait-elle aux survivants. ?

J’en étais persuadé, elle en était. La fugacité du moment, sa profondeur,son atmosphère, oui, Elle en était.

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