mercredi 2 mai 2012

Il l'appelle Thérèse.

À la réception de mariage du fils d'un ami, loin du terroir local, nous étions seulement quelques uns du cercle amical habituel. C'est ainsi qu'il nous rejoignit pour parler, faire le point sur les événements depuis notre dernière rencontre. Comme à son habitude, il s'adressa à mon épouse en l'affublant d'un prénom qui n'était pas le sien. "Je sais que tu t'appelles Claire mais j'ai envie de t'appeler Thérèse." Je ne sais pourquoi ajoutait-il! La chose était entendue entre eux car il avait toujours pris cette manière de la nommer ! Un jeu sans doute, mais encore ? A la réflexion, le lendemain comme un étonnement l'association me traversa. Une nouveauté consciente. De tous les prénoms disponibles il en choisissait un comme si une intuition le poussait à mettre en valeur un aspect inconnu, un point de vue non reconnu. J'étais pour la 1e fois, le témoin conscient de ce petit jeu. Dans mon histoire ce prénom n'était pas innocent. C'était celui qui mystérieusement m'avait été donné par le hasard, au moment où j'étais touché par le syndrome du jumeau disparu. Il nommait mon épouse, comme si elle représentait ma jumelle disparu. Cette association s'était déjà faite dans mes réflexions. Le lien curieux qui nous associaient, par devers les nombreuses tensions entre nous, venait de cette confusion de niveau. Ma soeur disparue et mon épouse n'était qu'une seule et même personne subliminalement ! Hypothèse fantasmée reliant mon inconscient et la réalité. Lui expliquer le sens que cela prenait pour moi, lui dire qu'il mettait à jour le lien erroné qui me liait à celle-ci était une entreprise impossible. Ingénieur il n'y verrait que dérangement mental. Psychanalyste, la chose aurait sans doute pris un sens et son degré d'acceptation aurait été plus élevé. Mais son avis n'était qu'un reflet de ma réalité. Dans mon inconscient personnel il y avait fusion entre des niveaux de relations. Chacun n'était pas respecté dans son unicité. Depuis le temps que la découverte de ce syndrome m'avait touché, j'avais eu le temps matériel pour en faire le deuil. Apparemment si le message me faisait miroir, c'est que cette étape restait à faire. Rien ne semblait avoir été résolu. Il me fallait remettre sur le métier mon ouvrage, repartir dans un cheminement pour donner un terme à cette fusion.