dimanche 1 février 2009

La jumelle (*)










…, à l’occasion d’un week-end de Biodanza, je fais la connaissance,parmi les participants,d’une charmante jeune femme avec laquelle je sympathise spontanément. Quelques mois plus tard, nous nous revoyons dans le cadre d’un week-end de Biodanza. C’est pareil : la même sympathie nous rapproche.
Nous faisons plus ample connaissance, et j’apprends qu’elle habite dans la région, près de chez moi. Quelques jours plus tard, nos chemins se croisent à nouveau,et je l’invite à prendre un café dans un bistro des environs. Nous passons un moment agréable ensemble à discuter de tout,de rien, de hobbies,de boulot, de chemin de vie… Je me sens comme hors du temps depuis qu’elle est face à moi. Une sorte de complétude inexplicable. Elle aussi a l’air de vivre la même chose. Au moment de nous quitter, nous nous prenons dans les bras, et lorsque nous nous séparons,elle me touche le visage avec tendresse. A cet instant,une lame de fond naît dans mon ventre,roule dans ma poitrine, et fait jaillir des larmes dans mes yeux hagards. Un véritable séisme m’a ébranlé de part en part. Pareil pour elle.
Hébétés, nous nous regardons sans comprendre Puis je sens dans mon corps
une sorte d’alignement nouveau,un rassemblement, un apaisement. L’impression indescriptible qu’une quête éperdue de plusieurs siècles prend fin.
Cette femme qui me touche au visage est ma sœur, ma vraie sœur ! Celle du tunnel de schiste. Mes rêves éveillés de séparation n’étaient pas des métaphores : c’était une vérité dans mon corps,mes cellules, mon sang, ma chair. Mon univers bascula. Ce qui se passa en moi en cet instant annula d’un coup des tonnes de souffrances accumulées, des années d’errances.
Muriel avait des grosses difficultés à mettre en mots ce qu’elle vivait. Il lui fallut quelques jours pour arriver aux mêmes conclusions : elle avait retrouvé en moi un frère qui mettait fin à un vide pour lequel elle aussi avait parcouru un long chemin.
À dater de ce jour, ma vie ne fut plus jamais la même. Je m’étais déjà reconstitué une famille avec mes beaux-parents, beau-frère et belles sœurs. Là, je me découvrais un lien bien à moi,pas le résultat d’une alliance ; celui de la gémellité.
Tout alla alors très vite. L’élan pour la vie était là.
Une force nouvelle s’emparait de moi,me poussait vers l’avant,balayant d’un revers de main, toutes les constructions mentales qui m’avaient aidé à vivre jusqu’alors, comme autant de béquilles désormais inutiles.
..
(*)Extrait : Naissance d’un chaman. Philippe Lenaif - p221-222
Ed. Le souffle d’Or-Mars 2007

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