samedi 15 novembre 2008

Nirvana


Assis cote à cote, derrière le bureau pour une cession de travail, nous avions échangé au-delà de la matière à transmettre jusqu’au moment où un mouvement involontaire rapprochant nos pieds,  avait ouvert un espace nouveau.
Elle me dit ; « Le mouvement de la jambe qui s’éloigne d’un voisin, signifie un éloignement,une protection, une fuite. »
Les confidences, à propos de l’hospitalisation de son père, son état de stress et de tétanie de son coté gauche, venaient de passer du registre pénible vers un ton de légèreté, de joie profonde, envahissante.
Par ce décodage d’un mouvement spontané de la jambe et du pied, elle me donnait un élément de compréhension d’un moment magique vécu l’année précédente, sur le train au voisinage à ma gauche, d’une femme inconnue qui en effet portait son pied vers moi.
Ce moment décrit, elle proposa de son coté, le même type de rencontre, la même impression de joie envahissante, profonde,hors catégories habituelles qui envahi comme un tsunami. Cela lui était arrivé trois fois.

Le moment présent semblait autant chez elle que chez moi, se nourrir d’une expérience passée pour la ramener dans l’instant, en compensation sans doute de l’échange des sentiments douloureux à propos de son père.

Nous vivions elle et moi, joyeux de ces souvenirs comme si notre proximité, notre interaction correspondait à un moment avant un détachement pénible, comme si elle et moi avions retrouvé ce moment de proximité joyeuse, comme avant le drame de la séparation d’avec notre double.

Nous étions deux survivants que les circonstances avaient rapprochés le temps d’une session de travail. Par ma présence à sa gauche, j’occupais son coté de souffrance, celui de ses maux de têtes, de ses otites, de la tétanie qui la faisait souffrir maintenant et l’effaçait de ses maux.
J’étais représentant de son jumeau, elle représentait ma jumelle.
Le temps nous avait rendu, la sensation et l’humeur d’une parenthèse de gémellité..

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